• L'HUMANITE VENDREDI 2 JUILLET 1982

“ BETE DE SCENE”

Elle chante la comédie humaine

Elle entre, dans une robe blanche et donne tout de suite le ton d'un spectacle qui va durer deux heures à un rythme sans faille. Quelle force, quelle puissance, quelle santé ! Cette chanteuse soviétique qui a vendu plus de cent millions de disques ces dernières années, montre ce que peut être de la variété internationale de haut niveau. Visiblement, elle a l'habitude de chanter devant de grandes foules. C'est, comme on dit, une “ bête de scène ” ; elle peut tout faire. Disposant d'une voix au registre étonnant, elle passe avec aisance des graves aux aigus, elle se permet de parodier l'opéra et d'interpréter des morceaux très rythmés aux sonorités tout à fait “ actuelles ”. Elle intègre dans son jeu un travail constant de comédienne, remarquable d'intelligence et de sensibilité. Même si l'on ne saisit pas la langue, on reste ébahi devant la performance que représente sa version d'“ Arlequin ”, l'un de ses plus grands succès. Chacune des chansons s'inscrit, avec sa mise en scène propre, comme autant des éléments du puzzle de la comédie humaine vue par Alla Pougatchova. Au fond, il y a toujours dans ces chroniques du quotidien, dans ces états d'âmes et dans ces petites fables, tout un contenu grave, qui renvoie implicitement à la question première de l'existence. Alla Pougatchova chante les poètes soviétiques d'aujourd'hui, notamment Vladimir Vissotski (prématurément disparu) :

On n'imagine pas (en tout cas pour l'instant), chez nous, une grande vedette populaire, chantant sur des musiques très modernes (l'orchestre est excellent) des petites histoires à caractères philosophiques comme cela...

Anecdote significative : il y avait à l'Olympia, un spectateur particulièrement heureux : pour la première fois, Alexandre Ignatov, notre confrère de l'agence de presse Novosti, réussissait à voir Alla Pougatchova en scène. A Moscou, c'était toujours complet !